3 Nov. 2014. La Co-génération pour lutter contre le... syndrome de la boite de petits pois !

En Europe, la 2ième moitié du 20ième siècle a vu le passage des tickets de rationnement de l'après guerre, à l'abondance pour la plus large part de la population.
Même si elles sont terminées depuis longtemps, les "30 Glorieuses" ont laissé des traces profondes dans notre société.

Certes, l'intensité énergétique dans notre pays a diminué de presque moitié en 50 ans, mais dans le même temps, son PIB a été multiplié par 4,3 en volume (par ~20 en valeur), tandis que notre consommation d'énergie [primaire ? ou finale ?] a été multipliée par presque 3.

Les habitudes nées à l'époque du "kWh, (ou du litre de gas oil), abondant et pas cher"... sont enracinées dans nos modes de production et de consommation. Beaucoup d'entre nous ne sont guère conscients des gaspillages considérables qu'ils comportent, tandis que parmi ceux qui ne l'ignorent pas, domine le sentiment d'une sorte de fatalité: "Il est impossible de faire autrement !"

Un exemple emblématique de cette résignation concerne notre façon d'utiliser un kg de combustible fossile: bien qu'il soit certain que ce produit importé coûtera de plus en plus cher, nous continuons de nous en servir à la façon de quelqu'un qui, après avoir ouvert une boite de petits pois d'1 kg, n'hésiterait pas à... en jeter 700 g ! En effet, il existe dans notre pays:

- des installations de chauffage des bâtiments, dont plusieurs centaines de milliers de chaudières au fuel,
- quelques dizaines de centrales électriques fonctionnant avec du charbon ou du fuel (produisant un peu moins de 50 TWh [#] )
- plusieurs dizaines de millions de véhicules automobiles.

L'immense majorité de ces "équipements à fonction unique", (produisant soit de la chaleur, soit de l'électricité, soit de l'énergie mécanique), utilise à peine 30% des 7 à 13 kWh de chaleur que contient un kg de combustible fossile (Les chaudières ou les centrales à gaz à cycle combiné - qui sont les moins nombreuses - pouvant atteindre ou dépasser 50%.)
Dans le cas des véhicules diesel les plus anciens (et les plus polluants), comme dans celui des centrales thermiques, ne rien entreprendre contre la "fatalité du principe de Carnot", (qui limite leur rendement a 30%, ou moins); peut en effet être comparé au comportement consistant à ouvrir une boite de petits pois d'1 kg et... à en jeter plus des 2/3 ! (C'est notamment en raison de cette résignation, de ce "délit d'habitude" que l'on peut parler des... "formidables gas-pillages de nos modes de production et de consommation" !)

Il est évident que là ou existent des besoins de chauffage collectif, existe également une demande d'énergie électrique. Dans les immeubles comme dans les usines et les centres commerciaux, ne devrait-on pas en bonne logique... favoriser le remplacement de chaudières collectives anciennes au fuel par des chaudières à co-génération ?! (sachant que leur rendement peut dépasser 70 %, lorsque le déchet thermique "fatal" de la production électrique non renouvelable, peut être valorisé sous forme de chaleur).

Ceci se produit environ 6 mois par an dans notre pays... Si on suppose que la production électrique par combustible fossile représente presque 50 TWh [#] (~10%), et que la moitié de cette production est faite en hiver, (c'est sans doute davantage), il s'agit donc de 25 TWh électriques mobilisant au moins 75 TWh d'énergie primaire sous forme de combustibles fossiles, soit ~6,5 Mtep (à raison de 11,6 MWh /tep).

Cette hypothèse permettrait de réduire notre consommation de combustibles fossiles de ~49 millions de barils/an, soit ~3,5 milliards/an en moins sur notre facture pétrolière (en supposant un baril à ~ 72 Euro, c. à d. ~90 $), tout en récupérant la chaleur nécessaire au chauffage de ~25 000 immeubles de ~40 appartements (pour fixer les idées... en supposant un rendement global de 66%, et des bâtiments à 250 kWh /an/m2 en moyenne, ou plus précisément ~1 million de logements ou de boutiques de ~100 m2 en moyenne.)

Sans oublier... un revenu global de 2 à 4 milliards /an, pour ~1 million de copropriétaires revendant ou "auto-consommant" 25 TWh (soit entre ~80 et ~160 E /MWh),

Il existe sûrement quelques obstacles techniques pour mettre en œuvre un tel schéma:
- le réseau de distribution (encore que les "grandes artères" parfois marginales semblent plutôt victimes de... la centralisation, tandis que l'insertion progressive "d'intelligence" dans le réseau - les Smart Grids si tendance en ce moment - devrait contribuer à réduire cet obstacle),
- la perspective de devoir, en cas de pointe de conso électrique en été, "rallumer" des chaudières ! (à une époque où elles peuvent être en maintenance.)

Sur ce dernier point, la nécessité d'évacuer cette "chaleur [redevenue...] fatale" existe de tout façon. Il n'y a pas de raison de penser qu'elle serait plus difficile dans un réseau décentralisé que dans le réseau actuel.

En outre, une partie des ~35 milliards économisés en 10 ans (car non dépensés en pétrole ou en gaz), pourrait être "fléchée"... pour subventionner le recours à des chaudières à Co-Gen, et pour "bonifier"... l'installation de systèmes de refroidissement permettant, en cas de risque de "Black out estival" (if any ?), de... rallumer ces chaudières à usage collectif ! (Certes, en plein été, ceci peut paraître absurde... mais guère plus que dans certaines situations où l'élimination du déchet thermique d'une production électrique centralisée, vient en limiter l'usage !)

Il existe justement une techno de valorisation de la "chaleur fatale" mise au point par la société Enogia, et récemment étendue jusqu'à 100 kW ! Elle pourrait être mise en oeuvre conjointement au remplacement d'une chaudière collective au fuel par une chaudière a "Co-Gen".

Si ces calculs de coin de table... peuvent être validés, il est clair que les obstacles techniques ou règlementaires ne sont pas insurmontables, à la condition bien sur, qu'une volonté politique suffisante se manifeste, en faveur du... respect des lois de la physique ! (Sans craindre de se comporter comme... un "Elephant dans le magasin de Ségolène..." Global Chance ne pourrait-il pas contribuer à... la faire émerger ?!)

D'autant plus que... les avantages de la co-génération, (pour lutter contre le... "syndrome de Carnot", ou plutôt... contre le "syndrome de la boite de petits pois"!), peuvent être déclinés pour d'autres secteurs, par exemple celui de notre parc diesel hypertrophié (Jacques Calvet... Merci !) Plus de détails sur cette question dans ma réaction au bas de cette page: http://tinyurl.com/diesel-en-moins

[#] Voir
- page 13 de http://www.rte-france.com/uploads/Mediatheque_docs/vie_systeme/
annuelles/Bilan_electrique/2014_01_23_RTE_Presentation_Bilan_electrique_v1.pdf

- ainsi que le rapport RTE pour 2012:
http://www.rte-france.com/sites/default/files/rte_bilan_electrique_2012.pdf   qui mentionne ~25 TWh produits avec du charbon ou du fuel (dont plus de 70% de charbon et ~20 millions de tonnes de CO2 en tout).