A propos de  l'émission "Le secret des sources".

Cette émission est diffusée le samedi matin sur France Culture, et se consacre à la pratique professionnelle des journalistes. Ce matin 13 décembre, une partie de la discussion portait sur le traitement de questions scientifiques dans la presse.

En mettant de coté les interventions de Jade Lindgaard, toujours rigoureuses, on peut se demander si 2 des participants ne sont pas des prosélytes de... l'éducation par l'exemple ?!
En tout cas, c'est Tout comme... vu la manière dont ils ont illustré les risques qui menacent un non scientifique, lorsqu'il s'exprime sur une question qui n'est pas sa spécialité ! (Il s'agit en réalité, d'une évidence: Même s'il prend sa vessie pour une lanterne... il ne viendrait à l'idée de personne de la faire opérer par... un éclairagiste !)

Ce matin donc... le gars des Échos a fait état du recul indispensable que doit conserver un... bon journaliste ! Pour appuyer par l'exemple cette affirmation peu discutable, il a cru pouvoir citer le cas des pluies acides: selon lui, après que la communauté scientifique ait affirmé pendant des années que l'origine des pluie acides était la pollution, il est apparu, [nous a-t-il dit], qu'il n'en était rien, et que les pluies acides sont un phénomène naturel !

Cerise sur le tas de micros... cette affirmation de circonstance, (largement fantaisiste; cf. 2) ci dessous), venait après une autre, de la même veine... mais en plus grave ! Son confrère du Figaro avait en effet éprouvé le besoin de dire:
Le GIEC est beaucoup trop optimiste, il parle d'un réchauffement de 2 degré en 2100, mais tout le monde sait que ce sera plutôt 4 à 6 degré.
Quel festival pour illustrer de façon exemplaire... le [mauvais] traitement de questions scientifiques par certains journalistes ! (Notamment... ceux qui n'hésitent pas à citer de façon tronquée et approximative les faits qu'ils essaient d'enrôler à l'appui de leur propos !) Tant pis pour le code de déontologie de la profession, et pour le devoir d'informer sans déformer!

Ce billet ne sera sans doute lu, (au mieux...), que par 0,01% des auditeurs exposés à ces catastrophiques contre-vérités. Sans entrer dans la question lancinante de l'absence d'un réel droit de réponse du [pour faire vite...] monde de la science, ce texte se propose de rectifier si peu que ce soit... ce qui doit l'être, lorsqu'elle est ainsi maltraitée:

1) Les rapports du Groupe I du GIEC ne sont ni optimistes ni pessimistes. Ils disent ce que la science peut dire, par exemple:
Il est peu probable qu'en 2100, la hausse de la température de surface en moyenne globale soit inférieure à 2 degré, ou supérieure à 6 degré.
L'usage que font les climatologues de leur indicateur "TSMG", (Température de Surface en Moyenne Globale, c. à d. y compris 71% d'océan...), est peu connu du public. Trop pressés... les journalistes oublient presque toujours d'indiquer qu'une hausse de la "TSMG" de, par exemple, 3 degré en moyenne globale, signifierait +4,5 degré en France métropolitaine (et autour de +7 degré, dans la zone Arctique !)

Au delà de cette lacune, (qui a pour effet de minimiser la menace pour plein d'espèces vivantes... que constitue le changement climatique), après que la dame du CNRS ait rappelé que le public reçoit plutôt mal les mauvaise nouvelles, (quelle surprise !), les propos tenus, (et non rectifiés), ont hélas contribué à propager une mauvaise nouvelle... totalement erronée !

En effet, le GIEC ne dit absolument pas qu'il est certain que la hausse 2100 de la TSMG sera plutôt de 4 à 6 degré. Ce qu'il dit est bien différent:
- Elle pourrait être de seulement 2 degré, SI, (et seulement SI...), l'A.G. des copropriétaires... qui se tenait à Lima depuis le 1er décembre, (et qui se réunira au Bourget dans un peu moins d'un an), vote les travaux ! (De "dé-carbonation du PIB.")
- Au contraire, si on continue comme d'hab... la hausse de la TSMG pourrait, en effet, dépasser 4 degré.

Ce qui s'est dit ce matin dans Le secret des sources occulte complètement une bonne nouvelle indiscutable ! (Les rapports du Groupe 1 du GIEC la répètent pourtant depuis plus de 20 ans): La partie n'est pas jouée ! (It is still time, brothers !) En effet, la hausse de la TSMG en 2100 sera déterminée par... la plus ou moins grande sagesse de l'Humanité ! (Telle qu'elle se manifestera - ou non - dans moins d'un an.)

En passant, (et même si cela déborde la critique de l'émission du 13 décembre), on peut mentionner une autre bonne nouvelle, aussi souvent occultée:

il s'agit des formidables gaspillages de nos modes de production et de consommation ! C'est, paradoxalement, une bonne nouvelle, car ces gaspillages considérables signifient que, selon les secteurs d'activité, il est possible de réduire de 30 à 80% les émissions de Gaz à Effet de Serre, sans renoncer pour autant au produit ou au service qui produit ces GES !

Cela vaut par exemple, pour la production de nourriture, (dont plus de 30% va direct à la poubelle), pour la consommation excessive de viande, (des kg de céréales pour un seul kg de viande !), et surtout, pour le délit d'habitude... consistant à produire séparément de la chaleur et de l'électricité !

La plupart des gens ignorent, hélas, que cette pratique est contraire aux lois de la Physique ! (La chaleur se transporte encore plus mal que l'électricité). Au contraire, la co-génération de ces 2 sortes d'énergies permet d'obtenir le même service avec 30 à 50% de combustible, (fossile ou non), en moins !

Ce billet a aussi pour objet d'étayer le point de vue déjà mentionné sur... l'absence d'un réel droit de réponse du monde de la science.
Une formulation plus prosaïque de ce constat est la suivante: Sur des questions complexes comme le changement climatique, les OGMs, la création monétaire, ou les Traités de libre échange "mis au service des actionnaires plutôt que des peuples"... il faut moins de 30 secondes pour dire une ânerie, et... plus de 10 minutes pour expliquer pourquoi c'est une ânerie !

2) Pour ce qui concerne les pluies acides, voici en effet... une tentative de retour au réel :

L'eau de pluie est légèrement acide, notamment en raison des éruptions volcaniques ou de la réaction chimique entre gaz carbonique et vapeur d'eau qui produit de l'acide carbonique (un acide faible).
Ce qu'on a appelé "pluies acides" est un phénomène d'augmentation sensible de cette acidité naturelle. Elle résulte de la pollution de l’air par le dioxyde de soufre (SO2) et par les oxydes d'azote (NOx) issus de la combustion d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz).
Les pays industriels ont été les premiers touchés ; les principales zones de production de polluants ont d'abord été les bassins miniers et industriels de l'hémisphère nord, dont la Ruhr, la Lombardie, les anciens pays miniers français et anglais et ceux de Chine et des États-Unis.

Pour conclure: la transition entre un bavardage plaisant et sans conséquence, et... la diffusion de fausses nouvelles est un risque permanent, (surtout lorsqu'on se trouve trop souvent devant un micro... dans un studio de radio !)
Il existe pourtant un moyen simple de le réduire, c'est de recourir plus systématiquement à ce que les Anglo-saxons appellent des... "PWAKS": People Who Actually Know Something !

En bon français: favoriser le pluralisme en donnant plus souvent la parole à... ceux qui y comprennent quelque chose !